Cendrillon et moi – Danielle Teller

C’est la marâtre la plus détestée de l’Histoire, celle dont on parle pour faire peur aux enfants désobéissants. Mais qui savait que la belle-mère de Cendrillon s’appelle en réalité Agnès, qu’elle a passé sa jeunesse à trimer comme bonne à tout faire, qu’elle a dû se battre comme une lionne pour accéder à un monde qui n’est pas le sien, que son époux est alcoolique et que sa belle-fille, petite princesse aux petons si délicats, est en réalité fort capricieuse ? Agnès n’en peut plus des sornettes autour des pantoufles, des princes charmants et des citrouilles.
Elle est bien décidée à rétablir la vérité, quitte à égratigner quelque peu la version officielle. Une réécriture ingénieuse et jubilatoire du célèbre conte, qui réussit l’exploit de nous faire aimer un personnage détesté.

Murène – Valentine Goby

Hiver 1956. Dans les Ardennes, François, un jeune homme de vingt-deux ans, s’enfonce dans la neige, marche vers les bois à la recherche d’un village. Croisant une voie ferrée qui semble désaffectée, il grimpe sur un wagon oublié… Quelques heures plus tard une enfant découvre François à demi mort — corps en étoile dans la poudreuse, en partie calciné. Quel sera le destin de ce blessé dont les médecins pensent qu’il ne survivra pas ? A quelle épreuve son corps sera-t-il soumis ? Qu’adviendra-t-il de ses souvenirs, de son chemin de vie alors que ses moindres gestes sont à réinventer, qu’il faut passer du refus de soi au désir de poursuivre ? Murène s’inscrit dans cette part d’humanité où naît la résilience, ce champ des possibilités humaines qui devient, malgré les contraintes de l’époque — les limites de la chirurgie, le peu de ressources dans l’appareillage des grands blessés —, une promesse d’échappées.
Car bien au-delà d’une histoire de malchance, ce roman est celui d’une métamorphose qui nous entraîne, solaire, vers l’émergence du handisport et jusqu’aux Jeux paralympiques de Tokyo en 1964.

Les battements du cœur – Barbara Wood

Trois femmes. Trois médecins. Trois destins. Le monde change, mais la faculté de médecine californienne dans laquelle étudient Sondra, Léa et Vicky reste très masculine. Sur une centaine d’élèves, on compte seulement cinq femmes en 1968. Pour réaliser leur rêve et devenir médecin, les trois amies doivent se serrer les coudes. Leur cursus terminé, chacune poursuit sa route. Á la recherche de ses racines, Sondra, adoptée enfant, part pour le Kenya afin de venir en aide aux plus démunis.
Léa, enfin à même de prouver à son père qu’elle est tout aussi capable de réussir que ses frères, s’installe en Californie. Quant à Vicky, elle choisit Hawaii pour exercer la chirurgie esthétique et redonner espoir à ceux qui, comme elle, ont été défigurés. Pour ces trois jeunes médecins pleins d’idéaux, il est temps de se confronter à la réalité…

Kamal Daoud – Zabor ou les psaumes

Orphelin de mère, indésirable chez son père, le solitaire Zabor a trouvé refuge en la compagnie des quelques romans d’une bibliothèque poussiéreuse qui ont offert un sens à son existence. Très tôt en effet, il s’est découvert un don : s’il écrit, il repousse la mort ; celui ou celle qu’il enferme dans les phrases de ses cahiers gagne du temps de vie. Ce soir, c’est un demi-frère haï qui vient frapper à sa porte : leur père est mourant et seul Zabor est en mesure, peut-être, de retarder la fatale échéance.
Mais a-t-il des raisons de prolonger les jours d’un homme qui n’a pas su l’aimer ? Fable, parabole, confession vertigineuse, ce roman célèbre l’insolente nécessité de la fiction en confrontant les livres sacrés à la liberté de créer. Tel un double de Schéhérazade, Zabor échappe au vide en sauvant ses semblables par la puissance suprême de l’écriture, par l’iconoclaste vérité de l’imaginaire.

Le châtiment de Willie Jones – Elizabeth H. Winthrop

Dans une petite ville de Louisiane, on se prépare à exécuter le soir même à minuit un garçon noir de dix-huit ans, accusé d’avoir violé une adolescente blanche. Les habitants de la région vaquent à leurs occupations, mais l’événement occupe tous les esprits. Des doutes s’expriment peu à peu, à demi-mot, il se murmure même que le jeune homme n’avait aucune chance face aux pressions du père de la victime et des autres notables.
Multipliant les voix et les points de vue, ce roman puissant nous fait vivre les heures qui précèdent la mise à mort de Willie Jones sur la chaise électrique, au sein d’une communauté où le racisme est monnaie courante et où les opinions discordantes peinent à être entendues. Rien ni personne ne pourra donc empêcher le dénouement fatal ?

Félix et la source invisible – Eric-Emmanuel Schmitt

Félix, 12 ans, est désespéré. Sa mère, la merveilleuse Fatou, qui tient à Belleville un petit bistrot chaleureux et coloré, est tombée dans une dépression sans remède. Elle qui incarnait le bonheur n’est plus qu’une ombre. Où est passée son âme vagabonde ? Se cache-t-elle en Afrique, près de son village natal ? Pour la sauver, Félix entreprend un voyage qui le conduira aux sources invisibles du monde.
Dans l’esprit de Oscar et la dame rose et de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Eric-Emmanuel Schmitt interroge les mystères de l’animisme, la puissance des croyances et des rites issus d’une pensée spirituelle profondément poétique. Il offre aussi le chant d’amour d’un garçon pour sa mère.

Gérard Georges – Lucie Lumière

Chez les Collange, Lucie est la pièce rapportée, une enfant de l’Assistance publique. Pas vraiment aimée, juste tolérée, elle a bien peu à partager avec sa famille d’adoption, laborieuse et guère aimante, qui vit de la culture de l’ail rose. Lucie, elle, est un vent de liberté et d’insolence, qui adore parcourir la nature avec son ami Clément. Au village de Cussac, à la ferme, partout on dit qu’elle a le diable aux trousses.
Parce qu’elle est plus maligne, plus jolie, plus déterminée et, à sa façon, singulière ? Du haut de ses douze ans, Lucie a une révélation : plus tard, elle sera écrivain. Elle quittera la plaine de Limagne, les Collange, l’école… En cette année insouciante de 1963, depuis son village d’Auvergne où tout doit être dans la norme, pour Lucie, la vie est digne d’un roman et elle ne fait que commencer…

Je rêvais de changer le monde – Marek Halter

Mais quelle vie ! Pour la première fois, Marek Halter remonte le fil de son incroyable destin. Il était une fois… un petit garçon juif polonais, né à Varsovie quelques années avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Chassé par le nazisme dans de lointaines Républiques de l’Union soviétique, il y a survécu, avec ses parents, pour arriver à Paris au tout début des années 1950. Destiné à une carrière de peintre, il va, de hasards en rencontres, devenir le romancier populaire que nous connaissons bien, et cet infatigable militant de la paix qui a toujours rêvé et n’a jamais renoncé.
De son enfance à aujourd’hui, en véritable conteur, porté par une foi absolue dans le pouvoir du Verbe, de la parole, du dialogue, Marek Halter revient sur chaque étape de ce destin unique où l’on croise Staline, Ben Gourion, Golda Meir, Nasser, Sadate, Yasser Arafat, Peres, Perón, Che Guevara, Poutine, Jean-Paul II, le pape François… sans oublier les présidents de la République française avec lesquels il a toujours entretenu une relation particulière.
Son incessant combat pour la paix au Proche-Orient, pour la liberté d’expression où qu’il faille aller porter le fer, mais aussi ses amitiés, ses amours, son passionnant partage de la culture juive… Dans une construction narrative émouvante où il s’adresse à Clara, sa femme et sa compagne de lutte pendant plus de quarante ans, décédée en 2017, Marek Halter nous invite à revisiter, à travers son propre « voyage », presque un siècle d’Histoire.

La saison de l’ombre – Léonore Miano

« Le jour s’apprête à chasser la nuit, sur les terres du clan mulungo, les femmes dorment. Même les yeux fermés les femmes savent qu’il faut se garder des voix sans visage. Le Mal existe. Il sait se faire passer pour autre qu’il n’est. Cependant que faire sans certitude ? Un grand malheur vient de s’abattre sur le village. »Il n’y a pas d’époque, ni de lieu précis, nous sommes en Afrique sub-saharienne, quelque part à l’intérieur des terres, les fils aînés ont disparu, et les femmes en pleurs sont regroupées à l’écart de leur clan.
Quelle est cette catastrophe fondatrice ? Où sont les garçons ? Quelle est la responsabilité des mères ? Faut-il se mettre à la recherche des disparus et comment ? Doit-on accepter l’absence de sépulture ? Les hommes du clan Mulongo ne savent pas combattre, ils respectent la vie. Et pourtant, le Mal existe et il faudra bien y faire face. Peu à peu, au cours d’une quête au moins autant initiatique que réelle et dangereuse, les émissaires du clan, le chef Mukano épris de pouvoir, comme les femmes Eyabe, Ebeise, Ebusi, vont comprendre que leurs voisins, les Bwele, armés et vindicatifs, sont responsables de cette disparition de la chair de leur chair, ces garçons enchaînés et précipités vers la côte, capturés et vendus aux « hommes aux pieds de poule », ces étrangers venus du Nord.Le roman épique et sombre de Léonora Miano traite d’un sujet sensible, la traite négrière, et la complicité d’Africains ligués, par appât du gain, contre leurs semblables ou les peuples voisins.
Un roman historique sur la traite transatlantique ? Non, un roman-conte où l’histoire de l’Afrique sub-saharienne se drape dans une prose magnifique et mystérieuse, que marquent la religion, le mysticisme, la croyance, et « l’obligation d’inventer pour survivre », raconter des histoires, raconter jusqu’à ce que la nuit arrache le dernier conteur à son rêve.